Tanqueray Rangpur

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Vieille de 175 ans, Tanqueray est une marque classique de gins britanniques, reconnaissable par les bouteilles vertes et le sceau rouge. Le London Dry Gin est une valeur sûre à prix modique et le n°10 est tout aussi délicieux (j’en reparlerai). Le Rangpur est un gin de la nouvelle génération créé en 2007 et a un style et un goût bien particulier. L’inspiration vient de l’Inde et surtout du rangpur, un agrume qui est un hybride entre un citron et une mandarine. C’est ce goût citronné qui domine le gin, avant de laisser la place au baies de genièvre et aux herbes aromatiques comme la coriandre, le laurier et l’anis. Personnellement, j’ai un problème avec ce goût de rangpur qui, bien qu’issu d’un ingrédient naturel, m’a semblé fort chimique. Mes essais de gin tonic n’ont pas été concluants, même celui proposée chez Mig’s lors d’une soirée Gin & Tonic (soirées que je recommande !): Rangpur,  Fever Tree Mediteranean Tonic, une fraise coupée en deux et quelques gouttes d’une infusion de poivre noir (poivre noir qui a macéré quelques semaines dans du gin ou un alcool neutre). Le poivre est intéressant mais je n’ai pas aimé le côté sucré et bonbon de la fraise. L’association permet cependant de masquer le goût spécial du Rangpur.

J’ai donc cherché d’autres recettes qui pourraient mieux convenir et je me suis arrêtée sur le negroni dans lequel ce goût très fort d’agrume fonctionne très bien. Une autre recette que j’ai expérimentée et aimée est: gin, jus de pamplemousse frais et eau pétillante pour compléter. Enfin en martini, le goût citronné se marie très bien au vermouth, laissant également de la place au genièvre et à une certaine amertume. Est-ce que j’en rachèterai ? non – il y a tant d’autres gins à goûter et celui-ci ne fait pas partie de mes favoris.

 

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Velo

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Auteur du livre Tiki Road Trip, James Teitelbaum a aussi créé des cocktails. Travaillant avec des groupes jazz et rock entre 1994 et 2008, il a eu l’occasion de visiter de nombreux endroits dans le monde et il a toujours cherché les bars tiki locaux. Une première version du cocktail Velo à base de rhum a été présentée lors de la finale d’un concours autour de la liqueur de sureau St Germain en 2009. Mais autant cette liqueur fonctionne avec beaucoup d’ingrédients, autant le rhum n’en fait pas partie.  Teitelbaum a alors changé sa recette, s’inspirant de cocktails tiki à base de gin comme le Suffering Bastard ou le Polynesian Spell et y ajoutant du sirop de fruits de la passion et des bitters Peychaud.

J’ai trouvé la recette dans Beachbum Berry Remixed:

  • 3/4 oz de jus de citron vert pressé
  • 1/2 oz de sirop de fruit de la passion (de fabrication maison)
  • 1 oz de liqueur de sureau St Germain
  • 1 1/4 oz de gin (Bombay Sapphire – la recette préconise du Beefeater)
  • 4 traits de bitters Peychaud

Mettre tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons et bien secouer. Filtrer dans une coupe à cocktail ou un verre à vin. J’ai décoré mon cocktail avec des feuilles de sauge ananas qui ont coulé plus vite que prévu dans mon verre.

Difficulté: *** James Teitelbaum précise que le cocktail est le meilleur avec des bitters Peychaud, après avoir essayé avec de l’Angostura et des bitters à l’orange. Pour le reste, rien de bien compliqué à trouver.

Goût: excellent ! Un cocktail sucré mais pas trop, qui laisse une belle place au sureau et au fruit de la passion tout en étant un peu acidulé. Bref, un cocktail tropical mais à base de gin. Et il a une jolie couleur rose.

Pololu

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Oh encore un cocktail avec de la liqueur St Germain ! Tiens, c’est justement la bouteille de jus d’ananas qui est ouverte… ainsi qu’un carton de lait de coco… Gin et cognac, un peu bizarre, non ?

Créé par Dr. Bamboo, alias Craig Mrusek, ce cocktail était un essai de boisson sans rhum. Il s’est inspiré du Painkiller mais aussi du Fogcutter.

La recette est publiée dans Beachbum Berry Remixed:

  • 2 oz de gin (Bombay London Dry Gin)
  • 1 oz de cognac (Gautier VSOP)
  • 1 oz de jus d’ananas (Delhaize)
  • 1/2 oz de curaçao (Pierre Ferrand)
  • 1/2 oz de liqueur de sureau St Germain
  • 1/2 oz de crème de coco Lopez (lait de coco Delhaize)
  • 2 traits de bitter à l’orange (Angostura à l’orange)
  • cannelle

Mélanger tous les ingrédients (sauf la cannelle) dans un shaker avec beaucoup de glaçons. Filtrer dans un verre à cocktail, saupoudrer de cannelle et décorer avec une feuille d’ananas. Je n’avais pas de feuille d’ananas à ma disposition, j’ai mis des feuilles de kafir. Et je hais la cannelle.

Difficulté: *** Rien d’extrêmement compliqué mais il faut avoir tous les ingrédients sous la main.

Goût: soit mes ingrédients n’étaient pas bons, soit c’est le cocktail qui ne me convient pas. J’ai surtout goûté de l’alcool, de l’amertume et un espèce de mélange dans lequel aucun goût ne ressort. Peut-être que la cannelle aide ? Je ne suis pas sûre. Bref, on ne gagne pas à tous les coups !

Gin Red Basil Smash

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C’est la fin de l’été, le basilic a bien poussé dans le jardin et pour la première fois depuis longtemps, le basilic rouge n’est pas mort tout de suite. L’occasion donc de réaliser ce joli cocktail rouge. Inventé par Jörg Meyer, barman au Le Lion – Bar de Paris à Hambourg et nommé cocktail de l’été 2008, c’est une boisson très simple à réaliser mais non moins délicieuce. Il existe également une version verte et je serais bien tentée de réaliser une version au basilic thaï.

Ma recette vient de It’s gin o’clock de Manuel Wouters et est également publiée sur le site de Njam:

  • 6 cl de Filliers Dry Gin 28 (Bombay Sapphire)
  • 2 cl de jus de citron pressé
  • 2 cl de sirop de sucre (à mon habitude, j’ai diminué cette quantité à 1 cl)
  • 1 cuillère à thé de sucre fin
  • une dizaine de feuilles de basilic rouge (il n’y en a jamais trop)

Dans le fond d’un shaker, écraser avec force et entrain le basilic rouge avec le sucre. Ajouter les autres ingrédients et des glaçons et mélanger avec vigueur. Filtrer (avec une petite passoire) au-dessus d’un verre old fashioned rempli de glaçons. Décorer avec une feuille de basilic. Cette manière de faire diffère quelque peu avec la version originale qui demande d’écraser le basilic avec les quartiers d’un demi citron, ce qui permet d’en extraire le jus mais aussi les huiles essentielles de la peau. Technique qui donne donc des cocktails avec « smash » dans le nom.

Trève de blabla, Jörg Meyer explique tout ça bien mieux que moi:

Difficulté: *(*) Le basilic rouge ne se trouve pas si facilement, mais le vert oui ! Pour le reste, gin et jus de citron sont les ingrédients de base d’un bar.

Goût: les cocktails les plus simples sont parfois les meilleurs ! c’est frais, acidulé et aromatique grâce au basilic. Un cocktail qui pourrait aisément remplacer un mojito.

Blackthorn

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Un joli cocktail rouge ! Le sloe gin, l’ingrédient qui lui donne sa jolie couleur est un gin à base de prunelle, souvent utilisé en Grande-Bretagne. Il existe plusieurs grandes familles de cocktails portant ce nom, les principales étant à base de gin ou à base de whiskey irlandais. J’ai réalisé deux versions à base de gin. Son histoire se perd quelque peu dans la nuit des temps, l’une des recettes remontant à 1900, l’autre à 1922.

Blackthorn, d’après Robert Vermeire, How to mix them (1922), citée dans Manuel Wouters, It’s gin o’clock:

  • 4,5 cl de sloe gin (Hayman’s)
  • 2 cl de Filliers Dry Gin 28 (Bombay Sapphire)
  • 1,5 cl de vermouth rouge (Martini Rossi)
  • 1/2 cuillère de barman de bitters à l’orange (Regan’s)

Blackthorn, d’après The Sideboard Manual (1900), cité dans PDT Cocktail Book de Jim Meehan:

  • 1,5 oz (4,5cl) de Plymouth Gin (un gin spécifique)
  • 0,75 oz (un bon 2cl) de Plymouth Sloe Gin (Hayman’s)
  • 0,75 oz (un bon 2cl) de Carpano Antica Sweet Vermouth (Martini Rossi)
  • 2 traits de bitters orange maison (Regan’s)

La réalisation est identique: mélanger tous les ingrédients dans un verre avec des glaçons. Filtrer dans un verre à cocktail ou une coupe et décorer d’un zeste d’orange découpé au-dessus du verre pour que les huiles essentielles parfument le cocktail.

Difficulté: *** Le sloe gin se trouve en magasin spécialisé, mais avec la mode du gin actuelle, ce n’est pas trop compliqué. Haymans est un des gins d’origine, avec le Plymouth, depuis beaucoup d’autres marques en ont créé. Le Plymouth Gin est un peu particulier, assez ancien et un peu plus sucré qu’un London Dry. Le Carpano Antica est un vermouth de luxe que je n’ai pas encore goûté. Pour mieux comparer les deux recettes, j’ai essayé de ne pas trop varier les ingrédients.

Goût: le premier Blackthorn, celui de 1922, insiste sur le fruit, sur la prunelle, laissant ensuite la place aux herbes et à l’amertume du vermouth et aux arômes d’orange. C’est un cocktail assez sucré et relativement complexe, qui plaira aux amateurs d’alcools de prune. Le second, de 1900, est à mon avis moins réussi: il est très doux et il manque cette note si typique du sloe gin.

Vauvert Slim

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En feuilletant le PDT Cocktail Book, une recette m’a intriguée: le Vauvert Slim. J’avais tous les ingrédients sauf le whisky nécessaire pour rincer le verre, ce qui n’était finalement pas trop un problème grâce à un ami amateur de whisky qui m’a donné un échantillon. La recette est signée Ryan Noreiks (Brisbane, 2009) et fait référence à l’ancien monastère des Chartreux de Vauvert à Paris.

  • 6-8 feuilles de menthe, dont 1-2 pour décorer
  • 1/2 oz de jus de citron vert pressé
  • 2 oz de jus de pamplemousse pressé
  • 1 oz de Chartreuse verte
  • 1 blanc d’œuf (j’ai omis cet ingrédient – il sert à faire une jolie mousse sur le cocktail)
  • quelques gouttes de Laphroaig 10-Year-Old Single Malt Scotch (du Laphroaig QA – Quercus Alba)

Écraser les feuilles de menthe avec le jus de citron vert au fond d’un shaker. Ajouter des glaçons et les autres ingrédients sauf le whisky et mélanger le tout. Rincer une coupe au Laphroaig et jeter (ou boire !) l’excédent et verser le cocktail filtré, sans les glaçons et la menthe. Décorer d’une feuille de menthe.

Difficulté: *** Tout le monde n’a pas sous la main ce whisky précis mais un whisky bien tourbé fera l’affaire. Pour le reste, ce cocktail  n’est pas si compliqué, la Chartreuse se vendant en supermarché.

Goût: complexe et équilibré – on a clairement affaire ici à une recette d’un barman expérimenté, qui connaît ses ingrédients. Le rinçage du verre au whisky est essentiel pour ajouter un goût fumé et tourbé à la Chartreuse très aromatique et à la fraîcheur de la menthe. Le pamplemousse ajoute l’amertume nécessaire.

212

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212 ? C’est une référence à certains des indicatifs téléphoniques de New York mais aussi aux proportions de ce cocktail. Il a été créé par Willy Shine et Aisha Sharpe du bar Contemporary Cocktails (New York) en 2008. C’est une recette très facile et très rafraîchissante en été.

  • 2 cl. de Partida Reposado tequila (El Jimador, dans mon cas)
  • 1 cl. d’Aperol
  • 2 cl. de jus de pamplemousse rose fraîchement pressé

Mélanger tous les ingrédients dans un shaker avec de la glace, verser dans un verre collins et décorer avec un zeste d’orange.

Difficulté: ** une tequila de bonne qualité est un bon atout pour faire ce cocktail, mais ce n’est pas si difficile à trouver. L’Aperol se vend partout depuis la mode du Spritz et les pamplemousses roses aussi (les blancs sont devenus introuvables).

Goût:  frais, estival, l’amertume du pamplemousse et de l’Aperol se marie très bien au goût fumé de la tequila. L’Aperol ajoute également une touche orangée. Une vraie réussite, à mon avis, et un cocktail que je préparerai encore souvent, vu sa facilité.

 

Blue Moon

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Le Blue Moon est un de ces cocktails oubliés, aux origines quelque peu obscures et aux nombreuses recettes (dont différentes recettes récentes à base de Curaçao bleu qui n’ont pas grand chose à voir avec les anciennes – vous savez, ces cocktails bleus trop sucrés des années 80). D’ailleurs, le Blue Moon dont je parle n’est même pas bleu, il est violet, voire rouge si on y rajoute comme parfois recommandé du vin de Bordeaux. David Wondrich (dans Imbibe !) explique que c’était le cocktail maison de chez Joel’s, un bar, cabaret et restaurant de la 41e rue de New York, non loin de Times Square. Lieu de rencontre d’artistes et journalistes, lieu bohème, le cabaret présentait un spectacle avec vingt chanteurs tandis que le restaurant pouvait accueillir mille couverts (c’est en tout cas ce que disaient les publicités de l’époque). Le patron, Joel Rinaldo, se présentait comme un aristocrate d’origine latine mais était en fait né à New York dans une famille de Juifs Russes. C’est le journaliste de l’époque Benjamin De Casseres qui parle du cocktail maison, décrivant sa couleur « bleu prussienne ». Malheureusement, Rinaldo n’a jamais noté la recette et il faut donc s’inspirer de celles qui circulaient dans les années 1910 et 1920, parfois très différentes.

La recette citée par David Wondrich, recopiée et adaptée du recueil de Hugo R. Ensslin, Recipes for mixed drinks, 1916:

  • 1 1/2 oz (4,5 cl) de gin (Bombay London Dry Gin)
  • 1/2 oz (1,5 cl) de vermouth français (Dolin)
  • 1 trait de bitters à l’orange (Regan’s)
  • 1/2 oz (1,5 cl) de Crème Yvette (liqueur de violette Pages, qui n’existe plus apparemment, ce qui traduit l’âge de ma bouteille)

Mélanger tous les ingrédients avec des glaçons, filtrer dans une coupe (et compléter avec du « Claret », du vin rouge de Bordeaux donc, que je n’avais pas sous la main et qui change l’aspect du cocktail).

Ted Haigh propose une autre recette, tirée de Crosby Gaige’s Cocktail Guide and Ladies Companion (1941), aux proportions et ingrédients différents:

  • 6 cl de gin
  • 1,5 cl de Crème Yvette ou crème de violette
  • 1,5 cl de jus de citron pressé

Mélanger dans un shaker avec des glaçons, filtrer dans un verre à cocktail, décorer avec un zeste de citron. L’usage du shaker est ici recommandé à cause du jus de citron. S’il n’y en a pas, on ne passe pas au shaker, on mélange dans un verre avec une cuillère pour qu’il n’y ait pas formation de petites bulles qui troublent quelque peu la boisson. C’est en tous cas la pratique habituelle mais chacun fait comme il le souhaite, comme James Bond qui préfère son martini « shaken, not stired ».

Difficulté: les Américains se sont plaints pendant longtemps de ne plus avoir accès à la Crème Yvette ou à la liqueur de violette (très proches, la crème Yvette, nommé ainsi en hommage à Yvette Gilbert, contient également des fruits rouges) mais ces liqueurs ont été recréées récemment par diverses marques. Je n’ai pas l’impression qu’en Europe, il y ait eu de coupure dans la fabrication de ces alcools, mais je peux me tromper. Il existe en tous cas diverses maisons productrices, notamment Monin, Giffard, Védrenne, The Bitter Truth, Tempus Fugit… ainsi qu’une spécialité toulousaine créée au début des années 1950 par Benoit Serres.

Goût: la première recette met en avant le goût aromatique du gin, marié avec l’amertume sucrée du vermouth, ainsi que l’orange du bitter et se termine sur une note de violettes. La seconde insiste plus sur l’acidité du citron, mélangée aux arômes du gin et de violette. Les deux sont intéressants, mais il faut aimer le goût floral et très bonbon de la violette.

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