Le choix des recettes publiées sur ces pages est souvent dicté par mes envies du moment ou par le dernier alcool que j’ai acheté et que je veux tester. J’ai enfin mis la main sur de la crème de noyaux après quelques mois de recherches. Cet alcool ancien à base de noyaux d’abricots était très populaire pendant l’âge d’or des cocktails, surtout en Europe, et ce n’est donc pas un hasard que le Chinese Cocktail est répertorié dans le livre de Louis Fouquet datant de 1896. Celui-ci était le barman principal du Critérion à Paris qu’il renomme à l’anglo-saxonne Fouquet’s (le célèbre bar et restaurant qui existe toujours). Ce recueil, probablement un des plus anciens livres de cocktails publié en français, contient de nombreuses recettes anglaises et américaines, comme l’indique le titre, mais également de nombreuses recettes locales. Pourquoi ce cocktail a-t-il reçu le nom de chinois ? Mystère… Il est en tous cas très proche dans sa composition de l’Improved Gin Cocktail – à base de gin – présenté l’année passée par François Monti sur son blog.
Louis Fouquet, Bariana; Recueil pratique de toutes boissons américaines et anglaises, datant 1896 (à télécharger en PDF).
« Prendre le verre à mélange A, glace en petits morceaux, 2 traits d’angostura, 4 traits de noyaux, 4 traits de curaçao, une cuillerée à café de sucre en poudre, finir avec cognac Curlier et rhum en égale quantité, bien agiter, passer, verser, zeste de citron et servir. »
Cette recette est également comprise dans l’app Cocktails & Mixed drinks from the first golden age of the American bar, dont je vous traduis (en les adaptant) les explications:
Combiner dans un verre à mélange
- 1 cuillère de bar de sucre fin
- un peu d’eau pour diluer le sucre (2-3 ml suffisent)
Ajouter
- 2 traits de bitters Angostura
- 4 traits de crème de noyaux (Tempus Fugit)
- 4 traits de curaçao (Pierre Ferrand)
- 3 cl de cognac (Gautier)
- 3 cl de rhum agricole vieux (Cuvée des Planteurs Dillon)
Mélanger avec des glaçons et filtrer dans un verre à cocktail. Ajouter un zeste pour décorer.
Difficulté: **** Ce cocktail ne demande pas énormément d’ingrédients mais il est assez difficile de trouver de la Crème de Noyaux. La marque suisse Tempus Fugit a reproduit une recette ancienne et a réussi avec succès, proposant une jolie liqueur rouge qui colorera les cocktails. Elle n’est pas distribuée en Belgique et j’ai acheté ma bouteille via Alandia, site allemand spécialisé en absinthe.
En préparant le cocktail, je me suis demandé quelle quantité représentait un trait (dash en anglais). Ce tableau sur wikipedia parle de 0.92ml mais précise que cette quantité est variable. Je pense avoir mis environ une cuillère à café pour commencer. J’en ai rajouté un petit peu par la suite, dépassant ainsi la dose préconisée mais permettant aux goûts d’orange et d’amandes d’être légèrement plus présents.
Goût: le cognac et le rhum sont très présents, légèrement aromatisés par l’orange, l’amande et le bitter. Dommage que j’ai oublié de rajouter le zeste de citron.
Ah oui, les fameux ‘dashes’ que je mets un peu au pif souvent 😉
Pour la crème de noyaux, j’en ai trouvé une que j’aime beaucoup en France. C’est une liqueur vendéenne qui s’appelle Kayouski, aux noyaux d’abricots. Sinon j’ai fait il y a deux ans macérer des noyaux de cerises et d’abricots dans de la vodka avec un peu de sucre, et après quelques mois le résultat est bluffant.
Bon weekend! 😉
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C’est vraiment compliqué les « dashes » ! Je mets aussi au pif, en rajoutant si nécessaire et selon mon goût.
J’avais également repéré une liqueur (presque) parisienne: http://www.noyaudepoissy.com/pages/produits.htm mais elle n’est pas très répandue non plus.
C’est vrai que j’aurais pu tenter ma propre recette !
Bon weekend également !
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Les barmen d’antan plaçaient leurs liqueurs dans des bouteilles à bitters, c’est pourquoi on trouve souvent des mesures de ce type dans ces ouvrages. Une mesure précise? Impossible ou presque. Le principe suivant peut tout de même servir: 1 dash, c’est (approximativement) 1/3 de barspoon. 3 dashes, c’est donc 1 barspoon. 4 dashes, comme dans la recette ci-dessus: remplir la cuillère et laisser légèrement déborder.
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Merci beaucoup pour cette précision ! Encore faut-il que toutes les barspoons aient la même contenance 😉 Et en avoir une, ce qui n’est plus mon cas (je n’ai pas encore pensé à en racheter une).
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