Bittersweet symphony

Bittersweet symphony

Jusqu’à présent, j’ai toujours retardé l’écriture d’un billet sur le célèbre negroni, un délicieux cocktail très facile à réaliser (gin, Campari et vermouth rouge en quantités égales). Et tant que je n’avais pas écrit son histoire et sa recette, je ne souhaitais pas publier de cocktail dérivé. Ce qui est un peu stupide de ma part. J’ai décidé de passer outre ma propre règle suite à un commentaire sur la page FB me demandant de réaliser une recette du livre The Negroni dont je viens de parler. Pour faire mon choix, je me suis laissé guider par un ingrédient que je souhaitais utiliser, le Punt e Mes, un vermouth italien plus amer que la moyenne. C’est le Bittersweet symphony qui a gagné et malgré sa simplicité, je ne suis pas mécontente de ce choix comme premier dérivé de negroni. Il a été inventé par Jeffrey Morgenthaler pour le Clyde Common, un bar situé à Portland aux Etats-Unis.

La recette:

  • 1,5 oz (4,5 cl) de London dry gin (N°3 London dry gin)
  • 0,75 oz (2,2 cl) de Punt e Mes
  • 0,75 oz (2,2 cl) d’Aperol
  • ainsi qu’un citron pour découper un zeste

Verser tous les ingrédients dans un verre à mélange avec des glaçons et remuer. Filtrer dans un verre à cocktail refroidi et garnir d’un généreux zeste de citron (j’ai encore des efforts à faire à ce niveau-là !).

Difficulté: **(*) Si vous n’avez pas les ingrédients exacts, ce cocktail n’a pas d’intérêt – ou si, mais il porte un autre nom. Aperol et London dry gin se trouvent en supermarchés, le Punt e Mes chez des cavistes ou chez Rob.

Goût: c’est assez proche du negroni original mais comme son nom l’indique, c’est une variation douce-amère. Le côté sucré de l’Aperol se marie parfaitement avec l’amertume du Punt e Mes. Une belle découverte !

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The negroni

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Gary Regan, The negroni. Drinking to la dolce vita with recipes & lore: le negroni est un cocktail classique qui combine gin, vermouth et campari – rien de bien compliqué et tout simplement délicieux – un de mes favoris, surtout quand je suis en manque d’idées (mais que je n’ai pas encore publié ici). Gary Regan retrace son histoire et parle des controverses quant à ses origines: le Comte Negroni a-t-il existé ? Qui était-il ? L’auteur parle également du monde du cocktail italien, des amers, des vermouths, de Turin, de Milan. Mais ce n’est qu’une introduction. La part la plus importante du livre est consacrée aux recettes: l’originale bien sûr, et des classiques qui s’en rapprochent mais également toute une collection de nouvelles recettes inventées par divers barmen du monde entier, avec des ingrédients inédits. L’avantage, c’est que la plupart des cocktails sont assez facilement réalisables à la maison et déclinables à souhait. Un livre intéressant à feuilleter pour découvrir de nouvelles idées.

Spiritueux & apéritifs d’artisans en Belgique

Spiritueux & apéritifs
Michel Verlinden & Matthieu Chaumont, Spiritueux & apéritifs d’artisans en Belgique: Michel Verlinden, journaliste au Vif et auteur d’un livre sur les bières, et Matthieu Chaumont, barman chez Hortense, se sont associés pour nous emmener en voyage auprès de quinze artisans distillateurs belges, photographiés par Alexandre Bibaut. La Belgique est sans doute plus connue pour ses bières mais elle a une longue tradition de distillation d’alcools, des genièvres et pékèts en première place, mais aussi de nombreuses liqueurs locales. Depuis quelques années s’y sont ajoutés des whiskys et des gins qui peuvent rivaliser avec ceux du monde entier. Les gins Ground Control, fabriqués à Pepingen, sont un exemple: au lieu d’utiliser de l’alcool neutre comme ses confrères, Manu de Cort le distille lui-même, en quatre versions différentes, à base de pomme de terre, de maïs, de pomme ou de blé, y ajoutant du genièvre et d’autres herbes et arômes naturels pour créer son london dry gin. Ou encore cette absinthe du Dr Clyde fabriquée à Seraing. Matthieu Chaumont explique les bases pour préparer un bon cocktail et propose 30 recettes, des classiques comme le Corpse Reviver mais aussi des recettes originales mettant en avant chacun des alcools. Michel Verlinden parle de la distillation des différents alcools et inclut des interviews des personnes présentées. Un livre richement illustré qui permet de découvrir le travail des artisans belges !

Rhum Dandy Shim

Rhum Dandy Shim
En cherchant une autre recette pour tester le Belmouth, le nouveau vermouth de Delhaize, de la Distillerie de Biercée et du Domaine du Ry d’Argent, je me suis tournée vers le livre de François Monti, El gran libro del vermut que je me suis procuré lors de mon dernier séjour en Espagne. Il regorge de recettes à base de vermouth – évidemment – des classiques mais surtout des créations contemporaines. Mon espagnol est limité mais suffisant pour traduire les recettes. Le Rhum Dandy Shim est une version plus légère du Rhum Dandy et a été conçu par Craig Lane en 2010 au Bar Agricole à San Francisco.

  • 3 cl de vermouth rouge (Belmouth)
  • 1,5 cl de rhum agricole blanc (Clément Canne Bleue)
  • 1,5 cl de jus de citron vert
  • 1 cuillère à café de sirop de sucre (de canne)
  • 2 traits d’absinthe (Duplais)

Ce cocktail se prépare directement dans un verre old fashioned: verser tous les ingrédients et mélanger avec de la glace pilée. Compléter avec encore plus de glace pour atteindre le bord du verre et zester un peu de citron vert sur le dessus.

Difficulté: ** tous ces ingrédients se trouvent assez facilement en supermarché et l’absinthe pourrait être remplacée par du pastis (il ne s’agit que de quelques gouttes)

Goût: un cocktail qui m’a étonnée ! Le goût est assez étrange, dans le sens positif du terme: amer, épicé et herbacé (la conjonction de l’absinthe et du rhum agricole) mais aussi présence des agrumes. Le côté pain d’épices du Belmouth est en retrait et ce sont plutôt les fruits rouges du vin rosé (qui est sa base) qui prédominent. Un cocktail qui met  en avant d’autres nuances du Belmouth par rapport au Corpse Reviver #1. Il a un côté estival mais fonctionne bien en hiver et a l’avantage de ne pas comporter beaucoup d’alcool, une nouvelle tendance dans le monde des cocktails.

Corpse Reviver #1

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Les cocktails présentées ici sont en général choisis pour leur recette ou leur histoire, selon mes envies du moment, mais parfois c’est un ingrédient qui dicte mon choix. Pour cette fin d’année, les supermarchés Delhaize, la Distillerie de Biercée et le vignole du Domaine du Ry d’Argent se sont associés pour créer un vermouth à base de vin rosé et d’ingrédients typiquement belges. Ils lui ont donné le nom de Belmouth, combinant Belgique et vermouth. Ce vermouth utilise du vin rosé alors que ceux d’Italie ou de France se limitent au vin blanc ou rouge. Le cépage est le cabernet jura, plutôt rare, cultivé dans la région de Namur (Bovesse) au Domaine du Ry d’Argent. A côté de la fraîcheur de ce vin, d’autres ingrédients belges apportent des notes diverses: l’aspérule odorante (utilisée dans le maitrank) donne un goût floral, le houblon des notes herbacées et la racine de chicorée l’amertume. D’autres ingrédients sont le citron primo fiori déjà utilisé dans l’Eau de Villée, l’orange, des épices (baies de genévrier, clou de girofle), des plantes (camomille, thé vert, vanille) et bien sûr l’absinthe (artemisia absinthium) indispensable à la fabrication du vermouth. A la dégustation, j’ai été frappée par un fort goût de pain d’épices alors que la cannelle n’est pas présent dans le mélange ! Je dois bien avouer que je ne suis pas très friande de cette épice et que cela a joué dans mon choix de cocktail, même si j’ai moins de problèmes avec le pain d’épices ou le spéculoos. J’ai tenté de trouver deux recettes qui, quelque part, atténueraient un peu ce goût.

Pour la première, j’ai pensé « pomme », parce que pomme et cannelle sont une association qui fonctionne (à tel point qu’elle est devenue cliché). Ce qui m’a renvoyée vers ce Corpse Reviver #1. Moins connu que le #2, il fait partie de cette famille de cocktails censés être bus pour soigner la gueule de bois. Vu ses ingrédients, j’ai comme un doute ! La recette a été publiée dans le The Savoy Cocktail Book d’Harry Craddock qui fait le commentaire suivant: « To be taken before 11am, or whenever steam and energy are needed ».

  • 4,5 cl de cognac (Gautier VSOP)
  • 2,2 cl de Calvados (Père Magloire)
  • 2,2 cl de vermouth rouge (Belmouth*)

Verser tous les ingrédients dans un verre à mélange avec des glaçons. Remuer et filtrer dans une coupe ou un verre à cocktail.

Difficulté: * trois ingrédients faciles à trouver, mais ne pas choisir les premiers prix, le goût s’en ressentira.

Goût: comme prévu, cette impression de cannelle du Belmouth s’associe parfaitement bien avec le calvados, le cognac apportant de la profondeur et un peu d’amertume (déjà présente dans le vermouth). Un cocktail fort à boire avec modération, sauf si on veut réveiller les morts.

*Le Belmouth m’a été offert par Delhaize – je me suis inspirée du communiqué de presse pour écrire mon billet mais la recette est tout à fait personnelle. Vous pourrez l’acheter au prix de 14,99€ dans ce supermarché uniquement. C’est une édition limitée à 5000 bouteilles.