Claridge Cocktail

Claridge Cocktail

Mes inspirations varient de semaine en semaine, mais ça faisait longtemps que je n’avais plus publié de recette ancienne. Le Claridge Cocktail apparaît pour la première fois dans Barflies and cocktail, un livre édité en 1927 par Harry MacElhone. L’auteur attribue le cocktail à un barman nommé Léon qui travaillait à l’hôtel Claridge de Paris. Il y a une ressemblance certaine avec un martini, mais avec une touche fruitée.

J’ai préparé la recette qui a été adaptée par Paul Clarke pour The cocktail chronicles:

  • 3 cl (1 oz) de gin (Beefeater)
  • 3 cl (1 oz) de vermouth sec (Noilly Prat)
  • 0,7 cl (0,25 oz) de liqueur d’abricot (Lune d’Abricot de Merlet)
  • 0,7 cl (0,25 oz) de Cointreau (Trois Citrus de Merlet)

Mettre tous les ingrédients dans un verre à mélange avec des glaçons et remuer pour refroidir. Verser dans un verre à cocktail. Pas de décoration.

Difficulté: ** quatre ingrédients faciles à trouver mais il est important qu’ils soient de bonne qualité. Les liqueurs d’abricot sont très différentes selon les marques. J’en ai goûté plusieurs au fil du temps: on oublie Bols qui est chimique, The Bitter Truth n’est pas à mon goût (pas assez fruitée, trop d’amande), Lune d’Abricot de Merlet est très bonne mais je préfère Abricot du Roussillon dans la gamme premium de Giffard, qui est la plus fruitée de toutes, au goût le plus proche d’un abricot mûr et sans trop de notes de l’amande du noyau.

Goût: le Claridge Cocktail est un genre de martini détourné, aux arômes d’abricot et d’orange, et plutôt sucré. Je suis assez mitigée, et je n’ose pas imaginer ce qu’il goûtait dans la recette initiale où les quantités de liqueurs étaient bien plus importantes. Il faut sans doute se mettre dans une perspective du passé: les alcools comme le gin ou le rhum avaient des goûts bien plus prononcés qu’il fallait souvent masquer.

 

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French moderne

French moderne

Franck Audoux, French Moderne. Cocktails from the 1920s & 1930s: Franck Audoux, propriétaire du bar CRAVAN à Paris, propose dans ce livre une histoire des bars à cocktails populaires à Paris et dans les lieux de villégiature pendant les années 1920 et 1930. Ce sont les années folles, de nombreux barmen américains ont quitté leur pays à cause de la Prohibition, Paris héberge une scène artistique très florissante, Coco Chanel révolutionne la mode…. L’approche d’Audoux est différente d’autres ouvrages, mettant l’accent sur l’histoire de ces lieux. Des recettes de nombreux cocktails créés à cette époque accompagnent le récit. Celles-ci utilisent souvent les mêmes ingrédients français: Cointreau, vermouth, Byrrh, Suze selon des proportions toujours changeantes. Un livre intéressant pour l’histoire qu’il raconte, sans doute un peu moins pour les recettes.

Do it the French way

Do it the French way

Daniel Gaujac, Do it the French way: ce livre m’a attirée parce qu’il promettait la découverte de quelques apéritifs français. Publié par Steidl, petite maison d’édition allemande, il présente bien: une belle couverture cartonnée, de superbes photos, un joli graphisme. Mais il a un gros défaut: l’auteur, Daniel Gaujac, a travaillé pendant des années pour des marques de luxe comme Guerlain, Absolut ou Rolex et il propose un contenu très superficiel, sans beaucoup de détails. De plus, ce livre part d’un lieu, la distillerie construite par Gustave Eiffel à Thuir en 1873 et restaurée par Pernod Ricard. C’est là qu’étaient produit le Byrrh, la Suze, l’absinthe Pernod… Pour la forme, le livre rajoute le Lillet à la collection. Ce qui en fin de compte est toujours fort limité sachant que le lecteur n’apprendra pas grand chose sur ces alcools. Le dernier tiers du livre est un peu plus intéressant: il regroupe des recettes de cocktails utilisant les ingrédients cités, recettes conçues par des barmen du monde entier. Chacun répond aux cinq mêmes questions puis propose son cocktail, sans plus d’explications sur celui-ci. Bref, un livre qui fait joli sur une table de salon mais qui ne m’aura quasiment rien appris.

Mojito thaï

Mojito thaï

Ce mojito thaï n’a pas grand chose d’un mojito: il n’y a ni menthe ni rhum. Créé en 2006, c’est le cocktail signature de Christopher Gaglione, un barman qui a travaillé dans de nombreux hôtels parisiens et qui officie aujourd’hui au Solera, sur la Rive Gauche de Paris. Il aime travailler avec des produits frais et est un grand amateur de crème de pêche de vigne. Pour ses cocktails estivaux, il utilise souvent le procédé de l’infusion, préparant ses boissons à l’avance. C’est le cas de ce mojito thaï.

La recette vient du livre qu’il a écrit pour Les Editions de l’Epure, Les cocktails d’été. Dix façons de les préparer:

  • 5 cl de gin (Beefeater)
  • 3 cl de crème de pêche de vigne (Monin)
  • 1 cl de sirop de sucre de canne
  • 2 cl de jus de citron vert
  • 8 cl de tonic water (Fever Tree Indian Tonic)
  • 3 gouttes d’Angostura bitter
  • 5 fines tranches de nectarine
  • 5 fines tranches de pêche blanche
  • 3 branches de basilic thaïlandais
  • 4 longues et fines tranches de gingembre frais
  • 1 long zeste d’orange

Mélanger les éléments liquides et secouer pour obtenir un mélange homogène (je n’ai pas secoué le tonic, je l’ai rajouté par la suite). Mettre les fruits et condiments dans une carafe à infusion puis y ajouter le liquide. Laisser infuser au frais pendant 4 heures puis servir (avec des glaçons).

Difficulté: ** (**) les ingrédients ne sont pas compliqués à trouver mais il y en a beaucoup et il faut prévoir son cocktail à l’avance. Bref, il faut du temps et de la patience.

Goût: un cocktail estival, frais, fruité mais aussi légèrement épicé et amer. J’ai regretté l’absence du pétillant (même sans secouer le tonic dans le mélange de base, il perd ses bulles pendant le long temps d’infusion).

Mojito thaï

Mojito thaï

Mojito thaï

Turkish Mule

Turkish Mule

Si j’avais demandé à Sylvain un peu de sa liqueur de yaourt, c’est parce que je me souvenais avoir vu une recette avec cet ingrédient dans Cocktail now de Julien Escot. Il y propose le Turkish Mule, créé en 2014 par Sami Mersel qui a travaillé dans son bar de Montpellier, le Papa Doble.

  • 5 cl de gin (Beefeater London dry gin)
  • 3 cl de liqueur de yaourt (Bols)
  • 2 cl de jus de citron frais
  • 2 cl de shrub au concombre (voir ci-dessous)
  • 5 cl de ginger beer (Fentiman’s)
  • pour la garniture, d’après la recette originale: loukoum et pétale de rose

Verser tous les ingrédients sauf la ginger beer dans un shaker rempli de glaçons. Secouer vivement et filtrer dans un verre rempli de glaçons. Compléter avec la ginger beer et garnir, d’après la recette, d’un loukoum et de pétales de roses. Je n’avais pas le premier mais j’ai utilisé un sachet de mélange pour gin tonic à la rose et à la framboise (Pipa raspberry rose)

Goût: un cocktail frais aux notes de gingembre et de concombre, très laiteux mais où le yaourt ne domine pas. Intéressant, probablement un des meilleurs avec cette liqueur mais pas transcendant non plus. Le temps que je fasse une photo convenable, le mélange s’était dissocié, faisant remonter le shrub et la liqueur de yaourt à la surface.

J’arrête là mes essais avec la liqueur de yaourt, à moins que quelqu’un me conseille une recette inédite.

Shrub au concombre (je retranscris la recette du livre, mais j’ai évidemment diminué les proportions dans ma propre version):

  • 1/2 concombre émincé mais non épluché
  • 70 cl de sirop de sucre
  • 20 cl de vinaigre de cidre

Placer tous les ingrédients dans un mixeur électrique et réduire en purée liquide en mixant pendant 30 secondes. Filtrer le mélange à travers une passoire fine.

Rhubarbarella

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Comme c’est la saison de la rhubarbe, j’ai décidé de préparer de la liqueur mais aussi le cordial dont la recette est proposée par Julien Escot dans Cocktail now. Ne me demandez pas quelle est la différence entre ce cordial et un sirop à la rhubarbe, je n’en ai pas la moindre idée, les deux étant fabriqués à base de fruits et de sucre. Je vous conseille également cette recette qui permet de créer une délicieuse limonade fruitée et épicée. Pour la conservation, j’ai surgelé le cordial et le sirop épicé dans des sachets pour glaçons.

Ceci étant un blog de cocktails, j’ai évidemment cherché quelques recettes à préparer. C’est à nouveau dans le répertoire de Julien Escot que j’ai puisé le Rhubarbarella, créé en 2014.

  • 4 cl de tequila blanco (El Domador, la marque créée par Manuel Wouters pour Delhaize)
  • 1,5 cl d’Aperol
  • 2 cl de cordial à la rhubarbe (la recette est au bas de cet article)
  • 2 cl de jus de citron vert frais

Secouer tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons et filtrer dans un verre rempli de glaçons. Garnir avec une rondelle d’orange sanguine déshydratée (ou si vous n’avez pas cela sous la main ni le temps d’attendre la déshydratation, avec une rondelle d’orange fraîche).

Difficulté: *** à part la préparation du cordial, les ingrédients se trouvent très facilement.

Goût: un cocktail aux goûts étonnants mais que j’ai trouvé délicieux et très rafraîchissant. Le fumé de la tequila se marie à l’amertume de l’Aperol tandis que le citron vert apporte l’acidité et le cordial à la rhubarbe la touche sucrée et fruitée. A refaire !

Cordial à la rhubarbe (j’ai divisé par deux les proportions de la recette d’origine)

  • 200 g de rhubarbe émincée cuite (dans une casserole, mettre la rhubarbe avec une cuillère à soupe (ou deux) d’eau pour que cela n’attache pas)
  • 350 ml de sirop de sucre (faire chauffer une quantité égale de sucre et d’eau jusqu’à l’obtention d’un liquide)

Mixer la rhubarbe cuite avec le sirop de sucre pendant 30 secondes puis filtrer à travers une passoire à mailles fines. J’ai sans doute mixé mon mélange trop longtemps, créant une sorte de purée qui se sépare du jus sucré en tant que tel. Cela présente moins bien mais c’est tout aussi bon.

Boulevardier

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Le Boulevardier est un cocktail qui a été inventé par Harry McElhone, new-yorkais qui avait émigré en Europe. Il a d’abord travaillé au Ciro’s à Londres puis à Deauville pour s’installer par la suite à Paris où il a créé son propre bar, le Harry’s New York Bar qui existe toujours. Il s’est inspiré d’ingrédients européens et a créé de nombreux nouveaux cocktails. Le Boulevardier est un hommage au journal The Boulevardier, un mensuel édité par Erskine Gwynne. Il apparaît pour la première fois en 1927 dans le guide de McElhone, Barflies and cocktails. La recette originale demande des quantité égales des trois alcools, un peu comme un negroni qui aurait remplacé le gin par du bourbon.

J’avais testé ce cocktail il y a quelques mois sans jamais publier la recette. J’ai réalisé une seconde version récemment avec le Bitter Biercée. D’où les deux photos différentes.

J’ai préparé la recette proposée dans Vintage spirits and forgotten cocktails de Ted Haigh, qui allège la quantité de Campari et de vermouth pour laisser plus de place au bourbon:

  • 4,5 cl de bourbon (Buffalo Trace)
  • 3 cl de Campari ou de Bitter Biercée
  • 3 cl de vermouth doux (Martini Rosso ou Reserva Speciale Rubino)

Mélanger dans un grand verre avec des glaçons et filtrer dans un verre à cocktail. Garnir d’une cerise.

Difficulté: * Trois ingrédients de base, dont deux qui peuvent changer légèrement le goût selon la marque et la qualité.

Goût: le Boulevardier est clairement un cocktail pour les amateurs d’amertume. Les arômes boisés et sucrés du bourbon sont présents également. Avec le Bitter Biercée, le goût change légèrement: il est moins orangé qu’avec le Campari, mettant en avant l’amertume, le café mais gardant le goût boisé et de miel du bourbon. Les deux versions valent la peine d’être découvertes. Goûtez-les selon les envies du moment !

 

Chinese Cocktail

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Le choix des recettes publiées sur ces pages est souvent dicté par mes envies du moment ou par le dernier alcool que j’ai acheté et que je veux tester. J’ai enfin mis la main sur de la crème de noyaux après quelques mois de recherches. Cet alcool ancien à base de noyaux d’abricots était très populaire pendant l’âge d’or des cocktails, surtout en Europe, et ce n’est donc pas un hasard que le Chinese Cocktail est répertorié dans le livre de Louis Fouquet datant de 1896. Celui-ci était le barman principal du Critérion à Paris qu’il renomme à l’anglo-saxonne Fouquet’s (le célèbre bar et restaurant qui existe toujours). Ce recueil, probablement un des plus anciens livres de cocktails publié en français, contient de nombreuses recettes anglaises et américaines, comme l’indique le titre, mais également de nombreuses recettes locales. Pourquoi ce cocktail a-t-il reçu le nom de chinois ? Mystère… Il est en tous cas très proche dans sa composition de l’Improved Gin Cocktail – à base de gin – présenté l’année passée par François Monti sur son blog.

Louis Fouquet, Bariana; Recueil pratique de toutes boissons américaines et anglaises, datant 1896 (à télécharger en PDF).

« Prendre le verre à mélange A, glace en petits morceaux, 2 traits d’angostura, 4 traits de noyaux, 4 traits de curaçao, une cuillerée à café de sucre en poudre, finir avec cognac Curlier et rhum en égale quantité, bien agiter, passer, verser, zeste de citron et servir. »

Cette recette est également comprise dans l’app Cocktails & Mixed drinks from the first golden age of the American bar, dont je vous traduis (en les adaptant) les explications:

Combiner dans un verre à mélange

  • 1 cuillère de bar de sucre fin
  • un peu d’eau pour diluer le sucre (2-3 ml suffisent)

Ajouter

  • 2 traits de bitters Angostura
  • 4 traits de crème de noyaux (Tempus Fugit)
  • 4 traits de curaçao (Pierre Ferrand)
  • 3 cl de cognac (Gautier)
  • 3 cl de rhum agricole vieux (Cuvée des Planteurs Dillon)

Mélanger avec des glaçons et filtrer dans un verre à cocktail. Ajouter un zeste pour décorer.

Difficulté: **** Ce cocktail ne demande pas énormément d’ingrédients mais il est assez difficile de trouver de la Crème de Noyaux. La marque suisse Tempus Fugit a reproduit une recette ancienne et a réussi avec succès, proposant une jolie liqueur rouge qui colorera les cocktails. Elle n’est pas distribuée en Belgique et j’ai acheté ma bouteille via Alandia, site allemand spécialisé en absinthe.

En préparant le cocktail, je me suis demandé quelle quantité représentait un trait (dash en anglais). Ce tableau sur wikipedia parle de 0.92ml mais précise que cette quantité est variable. Je pense avoir mis environ une cuillère à café pour commencer. J’en ai rajouté un petit peu par la suite, dépassant ainsi la dose préconisée mais permettant aux goûts d’orange et d’amandes d’être légèrement plus présents.

Goût: le cognac et le rhum sont très présents, légèrement aromatisés par l’orange, l’amande et le bitter. Dommage que j’ai oublié de rajouter le zeste de citron.

West Indies

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Imaginé par Julien Lopez pour le Papa Doble en 2011, le West Indies a été construit à partir d’un daiquiri mais est beaucoup plus explosif en bouche et les arômes persistent plus longuement.

La recette vient de Cocktails. Leçons de dégustation de Julien Escot.

  • 50 ml de spiced rhum (Captain Morgan)
  • 20 ml de jus de citron vert frais
  • 20 ml de sirop de vanille (Monin)
  • 3 gouttes de créole bitters The Bitter Truth
  • 1 pincée de cannelle moulue
  • 1 pincée de noix de muscade

Mettre tous les ingrédients sauf la muscade dans un shaker avec des glaçons et secouer vigoureusement. Filtrer dans un verre old fashioned rempli de glaçons. Décorer d’une pincée de noix de muscade.

Difficulté: *** pas très compliqué mais demande des ingrédients précis.

Goût: un cocktail sucré, vanillé, citronné et épicé qui mérite une bonne dose de bitters pour contrecarrer le côté très sucré.