The Erin

The Erin

Souvent, quand je choisis une recette, c’est un ingrédient particulier qui me guide. Cela faisait plusieurs mois que j’étais tentée par le China China de Bigallet. Il s’agit d’une liqueur française assez ancienne, datant de 1875, et élaborée à partir de distillation et de macération d’écorces d’oranges douces et amères. Elle n’est que légèrement amère mais surtout très parfumée par l’orange et quand je l’ai goûtée, j’ai immédiatement eu un coup de cœur.

En cherchant sur le web, j’ai trouvée cette recette nommée The Erin, créée par Toby Cecchini du Long Island Bar de Brooklyn aux Etats-Unis et relayée par le New York Times.

  • 6 cl de bourbon (Cecchini suggère de l’Evan Williams Single Barrel, j’ai utilisé du Bulleit)
  • 1,5 cl de China China Bigallet
  • 1,5 cl de vermouth rouge (Cecchini suggère du Cinzano, j’ai utilisé du Carpano Antica)
  • 1,5 cl de Suze
  • 3 traits de bitters Angostura
  • 3 traits de bitters pimento (offerts par Harouna du LIB)
  • un zeste d’orange en garniture

Mettre tous les ingrédients dans un verre à mélange avec des glaçons et mélanger. Filtrer dans un verre rocks ou old fashioned, ajouter des glaçons (j’aime beaucoup les gros glaçons sphériques) et décorer avec un zeste d’orange.

J’en ai profité pour enfin utiliser ce verre tant recherché, avec un petit Mont Fuji dans la base. Lors de mon premier voyage au Japon, j’ai cru que cela se vendait dans des magasins pour touristes autour du Mont Fuji mais c’était déjà trop tard pour moi dans mon circuit et je n’ai pas trouvé. En novembre passé, je cherchais toujours, et puis par le plus grand des hasards, Yen Pham (Yi Chan) postait sur Instagram une photo de ce verre acheté récemment. Il m’a très gentiment donné une adresse à Kyoto où j’ai trouvé « my precious ». Et contrairement à mon idée première, il ne s’agit pas d’un verre souvenir mais bien de cristal japonais « Edo », créé par une compagnie qu’on pourrait comparer à Val Saint Lambert en Belgique. Le prix était donc en conséquence mais j’étais prête à tout pour avoir ce verre !

Difficulté: *** Il est clair que le China China n’est pas un ingrédient courant, même s’il est aujourd’hui distribué par les liqueurs Giffard. J’ai trouvé ma bouteille sur le site hollandais Drankgigant (immense choix, livraison le lendemain). Quant aux bitters, je pense qu’il y a moyen de jouer avec ce qu’on possède mais le magasin LIB en vend de toutes sortes.

Goût: un cocktail délicat et équilibré, mélangeant les épices et l’orange tout en ayant une certaine amertume mais aussi de la douceur.

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Cosmopolitan

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Pourquoi parler du Cosmopolitan, ce cocktail très girly et si populaire dans les années 1990 et 2000 ? Parce qu’une amie me l’a demandé: c’est son cocktail préféré et elle aimerait en connaître l’histoire. Parce qu’il fait partie des premiers cocktails que j’ai bus, puis préparés. Et parce que ses ingrédients se trouvent partout et qu’il est facile à réaliser. En faisant des recherches, j’ai eu la surprise de constater que je n’avais jamais bu un « vrai » cosmo, juste des versions simplifiés: ce n’est pas de la vodka nature qui doit être utilisée mais de la vodka citron.

Pour raconter son histoire, je pourrais remonter aux années 1930 comme le propose wikipedia mais même si la recette est proche, le sirop de framboise n’est pas du jus de cranberry et le gin n’est pas de la vodka. Diverses sources renvoient à des créations dans les années 70 mais ce serait à Cheryl Cook (Strand Restaurant, South Beach, Floride) que reviendrait la paternité (ou plutôt maternité). Elle raconte avoir créé le cocktail en 1985 ou 86, remarquant qu’il était bien vu d’avoir un verre de martini à la main dans son bar. Sauf que beaucoup de clients ne vidaient pas leur verre et elle a donc voulu composer un cocktail qui plairait à plus de monde, combinant de l’Absolut Citron, du triple sec, du Rose’s lime juice (un mélange un peu artificiel à base de jus de lime) et juste assez de jus de cranberry pour que le mélange devienne rose. Et bien que l’Absolut Citron n’ait pas vu le jour avant 1988, il a été testé dans la région de Miami. Bref, cela reste plausible.

Dans les années 1970, il existait une recette proche qui était servie dans les bars gay de San Francisco, à base de vodka, Rose’s lime juice et grenadine. En 1987-88, Toby Cecchini (Manhattan) recrée cette recette qu’il a découvert par l’intermédiaire de Melissa Huffsmith du bar The Odeon (Manhattan), ajustant les proportions et utilisant du Cointreau et de l’Absolut Citron. C’est cette recette qui est devenue le standard international. Dans les années 90, Dale DeGroff, alors barman au Rainbow Rooms de Manhattan, s’empare de la recette et la rend populaire, notamment grâce à l’entremise de Madonna. Dès 1998, le cocktail devient encore plus célèbre, grâce aux filles de Sex and the city.

Je me suis basée sur la recette citée dans The joy of mixology de Gary Regan, un bon recueil de base.

  • 1,5 oz de vodka citron (0,5 oz de vodka infusée – un peu trop longtemps – aux feuilles de kaffir de fabrication maison et le reste de vodka polonaise Zubrowka – nature, pas à l’herbe bison)
  • 1 oz de triple sec (Triple Sec Trois Citrus Merlet)
  • 0,5 oz de jus de citron vert pressé
  • 1 ou 2 jets de jus de cranberry, juste assez pour donner la couleur rose

Verser tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons et secouer. Filtrer dans un verre à martini et garnir d’un quartier de citron vert.

Difficulté: ** La version à la vodka nature est simplissime. La vodka citron est à peine plus difficile à trouver et il y a moyen d’en réaliser soi-même en faisant infuser une semaine le zeste d’un citron dans une bouteille (je n’ai pas testé). Le plus souvent, c’est du Cointreau qui est utilisé, la marque ayant d’ailleurs fait beaucoup de promotion pour ce cocktail.

Goût: la version préparée ci-dessus est déjà un peu moins fade que l’originale à la vodka nature et moins sucrée qu’avec du Cointreau. Les divers éléments ont un peu plus de goût. Le Cosmopolitan est devenu un grand classique, au goût de beaucoup de monde, il ne fait juste pas partie de mes préférés.

Je reviens très vite avec une variante très récente.