Claridge Cocktail

Claridge Cocktail

Mes inspirations varient de semaine en semaine, mais ça faisait longtemps que je n’avais plus publié de recette ancienne. Le Claridge Cocktail apparaît pour la première fois dans Barflies and cocktail, un livre édité en 1927 par Harry MacElhone. L’auteur attribue le cocktail à un barman nommé Léon qui travaillait à l’hôtel Claridge de Paris. Il y a une ressemblance certaine avec un martini, mais avec une touche fruitée.

J’ai préparé la recette qui a été adaptée par Paul Clarke pour The cocktail chronicles:

  • 3 cl (1 oz) de gin (Beefeater)
  • 3 cl (1 oz) de vermouth sec (Noilly Prat)
  • 0,7 cl (0,25 oz) de liqueur d’abricot (Lune d’Abricot de Merlet)
  • 0,7 cl (0,25 oz) de Cointreau (Trois Citrus de Merlet)

Mettre tous les ingrédients dans un verre à mélange avec des glaçons et remuer pour refroidir. Verser dans un verre à cocktail. Pas de décoration.

Difficulté: ** quatre ingrédients faciles à trouver mais il est important qu’ils soient de bonne qualité. Les liqueurs d’abricot sont très différentes selon les marques. J’en ai goûté plusieurs au fil du temps: on oublie Bols qui est chimique, The Bitter Truth n’est pas à mon goût (pas assez fruitée, trop d’amande), Lune d’Abricot de Merlet est très bonne mais je préfère Abricot du Roussillon dans la gamme premium de Giffard, qui est la plus fruitée de toutes, au goût le plus proche d’un abricot mûr et sans trop de notes de l’amande du noyau.

Goût: le Claridge Cocktail est un genre de martini détourné, aux arômes d’abricot et d’orange, et plutôt sucré. Je suis assez mitigée, et je n’ose pas imaginer ce qu’il goûtait dans la recette initiale où les quantités de liqueurs étaient bien plus importantes. Il faut sans doute se mettre dans une perspective du passé: les alcools comme le gin ou le rhum avaient des goûts bien plus prononcés qu’il fallait souvent masquer.

 

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Cosmopolitan

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Pourquoi parler du Cosmopolitan, ce cocktail très girly et si populaire dans les années 1990 et 2000 ? Parce qu’une amie me l’a demandé: c’est son cocktail préféré et elle aimerait en connaître l’histoire. Parce qu’il fait partie des premiers cocktails que j’ai bus, puis préparés. Et parce que ses ingrédients se trouvent partout et qu’il est facile à réaliser. En faisant des recherches, j’ai eu la surprise de constater que je n’avais jamais bu un « vrai » cosmo, juste des versions simplifiés: ce n’est pas de la vodka nature qui doit être utilisée mais de la vodka citron.

Pour raconter son histoire, je pourrais remonter aux années 1930 comme le propose wikipedia mais même si la recette est proche, le sirop de framboise n’est pas du jus de cranberry et le gin n’est pas de la vodka. Diverses sources renvoient à des créations dans les années 70 mais ce serait à Cheryl Cook (Strand Restaurant, South Beach, Floride) que reviendrait la paternité (ou plutôt maternité). Elle raconte avoir créé le cocktail en 1985 ou 86, remarquant qu’il était bien vu d’avoir un verre de martini à la main dans son bar. Sauf que beaucoup de clients ne vidaient pas leur verre et elle a donc voulu composer un cocktail qui plairait à plus de monde, combinant de l’Absolut Citron, du triple sec, du Rose’s lime juice (un mélange un peu artificiel à base de jus de lime) et juste assez de jus de cranberry pour que le mélange devienne rose. Et bien que l’Absolut Citron n’ait pas vu le jour avant 1988, il a été testé dans la région de Miami. Bref, cela reste plausible.

Dans les années 1970, il existait une recette proche qui était servie dans les bars gay de San Francisco, à base de vodka, Rose’s lime juice et grenadine. En 1987-88, Toby Cecchini (Manhattan) recrée cette recette qu’il a découvert par l’intermédiaire de Melissa Huffsmith du bar The Odeon (Manhattan), ajustant les proportions et utilisant du Cointreau et de l’Absolut Citron. C’est cette recette qui est devenue le standard international. Dans les années 90, Dale DeGroff, alors barman au Rainbow Rooms de Manhattan, s’empare de la recette et la rend populaire, notamment grâce à l’entremise de Madonna. Dès 1998, le cocktail devient encore plus célèbre, grâce aux filles de Sex and the city.

Je me suis basée sur la recette citée dans The joy of mixology de Gary Regan, un bon recueil de base.

  • 1,5 oz de vodka citron (0,5 oz de vodka infusée – un peu trop longtemps – aux feuilles de kaffir de fabrication maison et le reste de vodka polonaise Zubrowka – nature, pas à l’herbe bison)
  • 1 oz de triple sec (Triple Sec Trois Citrus Merlet)
  • 0,5 oz de jus de citron vert pressé
  • 1 ou 2 jets de jus de cranberry, juste assez pour donner la couleur rose

Verser tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons et secouer. Filtrer dans un verre à martini et garnir d’un quartier de citron vert.

Difficulté: ** La version à la vodka nature est simplissime. La vodka citron est à peine plus difficile à trouver et il y a moyen d’en réaliser soi-même en faisant infuser une semaine le zeste d’un citron dans une bouteille (je n’ai pas testé). Le plus souvent, c’est du Cointreau qui est utilisé, la marque ayant d’ailleurs fait beaucoup de promotion pour ce cocktail.

Goût: la version préparée ci-dessus est déjà un peu moins fade que l’originale à la vodka nature et moins sucrée qu’avec du Cointreau. Les divers éléments ont un peu plus de goût. Le Cosmopolitan est devenu un grand classique, au goût de beaucoup de monde, il ne fait juste pas partie de mes préférés.

Je reviens très vite avec une variante très récente.