Ankle Breaker

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Créé dans les années 1950, ce cocktail a vu le jour à Charleston, Caroline du Sud dans le bar du Francis Marion Hotel, la Swamp Fox Room. On y raconte que le Général Francis Marion (1732-1795) s’est cassé la cheville en sautant d’une fenêtre du deuxième étage, s’enfuyant pour tenter de rester sobre lors d’une fête où ce breuvage coulait à flots. Juste une légende donc vu que le Cherry Heering n’a vu le jour qu’en 1818. Ce cocktail est devenu très populaire en Californie, au Warehouse Restaurant de Marina Del Rey.

D’après la recette trouvée dans  Beachbum Berry remixed de Jeff Berry:

  • 1 oz (3 cl) de jus de citron frais
  • 1 oz (3 cl) de Cherry Heering (Soplica à la cerise – une liqueur polonaise)
  • 1 oz (3 cl) de Bacardi 151 ou de Cruzan 151 (Plantation Original Dark Overproof)
  • 0,5 oz (1,5 cl – ou moins si vous n’aimez pas les cocktails trop sucrés) de sirop de sucre

Mélanger tous les ingrédients au shaker avec de la glace pilée et verser dans un verre old-fashioned. Décorer avec quelque chose de joli, une cerise et un flamant rose par exemple.

Difficulté: *** peu d’ingrédients mais des produits de magasins spécialisés. Le Soplica se trouve dans les magasins polonais (de Bruxelles) et son goût est très proche du Cherry Heering.

Goût: si vous aimez la cerise, ce cocktail est pour vous ! La liqueur se marie très bien au rhum overproof pour un cocktail fruité et estival.

Bamboo Cocktail

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Avec son nom évoquant le bambou, on pourrait croire à un cocktail tiki, mais ce n’est pas le cas. Son nom exotique a sans doute été inspiré par le vie de son créateur. Louis Eppinger, d’origine allemande, arrive en 1889 au Grand Hotel de Yokohama, après un détour par San Francisco, La Nouvelle-Orléans, Portland et sans doute encore ailleurs. Contemporain de Jerry Thomas (le premier barman à écrire un recueil de recettes – toute cette histoire est très bien racontée dans Imbibe de David Wondrich), il a travaillé dans de nombreux bars. Le Japon était alors dans une période d’ouverture à l’Occident et engager un barman européen ou américain avait pour but d’attirer un public mélangé d’officiers de la marine et de voyageurs divers navigant sur les mers du monde. Eppinger planifiait les menus, parcourait les marchés à la recherche de délicatesses locales, accueillait les touristes et concevait des cocktails. Est-ce que le Bamboo Cocktail a vraiment été créé au Japon ? David Wondrich pense que ce n’est pas le cas. Il date probablement du début des années 1880 quand Eppinger tenait un bar sur Halleck Street à San Francisco. En 1886, il apparaît dans les pages d’un journal local de Saint-Paul, avec des proportions différentes. L’association de vermouth et de sherry n’est pas étonnante pour l’époque, ces deux alcools étaient assez populaires et répandus aux Etats-Unis.

Cette recette est présente dans divers livres.

  • 1,5 oz (4,5 cl) de dry vermouth (Dolin Dry)
  • 1,5 oz (4,5 cl) de sherry fino, manzanilla ou amontillado (Osborne Fino)
  • 1 trait de bitters (Angostura)
  • 1 trait de bitters à l’orange (The Bitter Truth)

Verser tous les ingrédients dans un verre à mélange avec des glaçons et remuer à la cuillère. Filtrer dans une coupe ou un verre style martini. Décorer d’un zeste d’orange (ou d’une olive).

Difficulté: ** des ingrédients relativement faciles à trouver, à part peut-être les bitters à l’orange (je conseille le mini-coffret de The Bitter Truth qui contient celui à l’orange et qui se vend dans les grands Delhaize).

Goût: un cocktail peu alcoolisé, idéal quand on n’a pas envie de quelque chose de fort. Des goûts qui se marient bien mais sans que cela produise quelque chose de surprenant. Un cocktail tout en douceur plutôt.

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Le Grand Hotel de Yokohama (source)

Cocktail now

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Julien Escot, Cocktail now: barman du Papa Doble à Montpellier, Julien Escot n’en est pas à son premier livre de cocktails. Art cocktail, maintenant introuvable, est toujours une référence. Dans Cocktail now, il compile de nombreuses recettes emblématiques mais propose aussi des classiques, les réinventant parfois, changeant légèrement les proportions. Le livre est beau et grand, les photos magnifiques donnent envie de préparer chaque cocktail. Les recettes sont pour la plupart réalisables par le grand public: il n’y a pas que des recettes compliquées aux ingrédients bizarres comme dans certains livres. Julien Escot propose des classiques très simples à réaliser comme le Martini dry, le Old Fashioned ou l’Americano. Les explications sont simples et l’introduction parle des différentes techniques. J’apprécie également beaucoup le chapitre sur les cocktails sans alcool qui sont très originaux et qui donnent l’impression à la personne qui les boit d’être aussi bien soignée que les autres. Le livre est complété par diverses recettes de sirops, shrubs et cordials ainsi que d’un lexique des différents ingrédients. Parmi les livres en français, je conseille celui-ci: il permet de réaliser les cocktails de base mais aussi de s’aventurer sur de nouveaux chemins avec des cocktails originaux et actuels.

Si vous cherchez quelques exemples de cocktails présentés, rendez-vous sur les pages du Rhubarbarella, du Rhubarb Sidecar et du Marius in Bangkok.

Pineapple daiquiri

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En présentant le daiquiri, je disais qu’il s’agissait d’un cocktail très versatile et qu’il existait de nombreuses déclinaisons. En voici une qui utilise le rhum Plantation Pineapple. Celui-ci a fait beaucoup parler de lui et a longuement été attendu. En fait, je n’aurais jamais dû avoir une bouteille: il a été créé en petite quantité pour le Tales of the Cocktails 2014 à la demande de David Wondrich (Imbibe). Le public a immédiatement été conquis, si bien qu’Alexandre Gabriel de Plantation a décider d’ajouter ce rhum à son catalogue. Il aura fallu attendu le printemps 2016 pour qu’il soit disponible sur le marché européen où il a également fait fureur (le stock du magasin Tasttoe où je l’ai acheté a été épuisé en un samedi).

Alexandre Gabriel et David Wondrich se sont inspirés de recettes datant de la première moitié du 19e siècle, une époque où le rhum était souvent aromatisé pour masquer son goût peu avenant. Le nom de Stiggins’ Fancy est une référence au révérend Stiggins du roman de Charles Dickens, Aventures de Monsieur Pickwick, dont c’est la boisson préférée. Ce rhum est fabriqué à partir d’ananas victoria (de la Réunion) pelés à la main, et ces pelures sont infusées pendant une semaine dans du rhum 3 stars blanc puis le tout est distillé. La chair est quant à elle infusée pendant trois mois dans le rhum Original Dark, beaucoup plus riche. Les deux liquides sont ensuite rassemblés et mis en fûts où ils reposent pendant trois mois. Contrairement à d’autres rhums aromatisés, le goût est très naturel, offrant des notes d’ananas sucré tout en laissant le rhum se développer. Une réussite !

  • 6 cl de rhum Plantation Pineapple
  • 2 cl de jus de citron vert frais
  • 1 cuillère à thé de sucre blanc fin

Dans le fond du shaker, dissoudre le sucre dans le jus de lime. Ajouter le rhum et remplir de glaçons, puis secouer comme si votre vie en dépendait. Filtrer dans un verre à cocktail.

Difficulté: ** tentez de trouver un bouteille de ce rhum chez un caviste, vous ne le regretterez pas !

Goût: des arômes d’ananas, évidemment mais également le rappel du daiquiri classique.

120 rhums

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Alexandre Vingtier, 120 rhums: 120 rhums c’est 120 fiches décrivant rhums et cachaça du monde entier. Chaque double page présente un alcool en particulier, avec diverses indications comme la provenance, la distillerie, le type, le mode de distillation, le vieillissement, le degré et la gamme de prix ainsi que des notes de dégustation (couleur, nez, bouche et finale). Alexandre Vingtier a également écrit un texte de présentation racontant, selon les rhums, diverses choses: son histoire, sa distillation, des anecdotes, donnant au final un panorama assez complet sur le monde du rhum. Livre de référence, il peut se consulter à tout moment mais également être lu de bout à bout. C’est un ouvrage très intéressant mais j’aurais aimé lire une introduction plus complète décrivant les types de rhums et les différentes manières de les distiller, ce n’est sans doute pas dans la ligne éditoriale de la collection. Un livre que je consulte fréquemment depuis mon achat et qui m’est bien utile pour découvrir de nouveaux rhums.

Alaska Cocktail

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L’Alaska Cocktail apparaît pour la première fois dans The Savoy Cocktail Book en 1930 mais est probablement plus ancien (début du 20e siècle ?). Le commentaire d’Harry Craddock ne nous éclaire pas beaucoup sur son origine: « So far as can be ascertained this delectable potion is NOT the staple diet of the Esquimaux. It was probably first thought of in South Carolina hence its name ». C’est un cocktail très simple qui combine trois ingrédients: du gin, de la Chartreuse jaune (moins alcoolisée et un peu plus sucrée que la version verte) et des bitters à l’orange. Il existe de nombreuses recettes aux proportions différentes. J’ai sélectionné celle que j’ai trouvée dans l’application Shaken & Stirred, et qui se base sur la recette de Robert Hess qui se retrouve dans The cocktail spirit with Robert Hess (vidéo). La recette de The cocktail chronicles préconise 7 cl de gin et deux traits de bitters à l’orange. Celle du Savoy propose une proportion de 3/1. A vous de trouver les proportions qui vous conviennent le mieux !

  • 1,5 oz (4,5 cl) dry gin (Tanqueray Bloomsbury – un autre London Dry gin fera l’affaire, ou même du Hendricks comme dans la vidéo)
  • 0,75 oz (2 cl) de Chartreuse jaune
  • 1 trait de bitters à l’Orange (The Bitter Truth)

Remuer dans un verre à mélanger avec des glaçons puis verser dans une coupe refroidie. Garnir d’un zeste de citron. Pourquoi ne pas utiliser de shaker ? parce que secouer ce genre de mélange ajoutera de minuscules bulles dans le cocktail et il sera moins transparent, moins joli. La règle veut qu’on mélange à la cuillère les cocktails ne contenant que des alcools, sans jus de fruits donc.

Difficulté: *** juste trois ingrédients mais deux ne se trouvent pas partout.

Goût: c’est un cocktail complexe, aux fortes notes aromatiques. Le choix des ingrédients peut transformer le goût et j’ai donc sélectionné un gin à l’ancienne, le Tanqueray Bloomsbury et parmi mes bitters à l’orange (Regan’s, Angostura et The Bitter Truth), celui qui me semblait le plus approprié, The Bitter Truth donc, dont le goût d’orange est le plus pur et naturel. Attention, c’est plutôt fort ! N’en buvez pas trop !

Rhubarb Sidecar

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Profitant du cordial à la rhubarbe fraîchement préparé, j’ai sélectionné une deuxième recette de Cocktail now, le Rhubarb Sidecar, présenté pour la première fois en 2013 par le magazine Serious Eats et qui utilise du shrub à la rhubarbe, donc avec du vinaigre. Ce qui doit ajouter un côté acidulé par rapport à la recette proposée par Julien Escot.

  • 4 cl d’eau-de-vie de poire (Bestillo palinka, une eau-de-vie hongroise achetée à l’aéroport de Budapest)
  • 1,5 cl de Cointreau
  • 2 cl de cordial à la rhubarbe
  • 2 cl de jus de citron frais

Mélanger tous les ingrédients avec des glaçons dans un shaker et filtrer dans un verre à cocktail. Pour faire plus joli (ce que je n’ai pas fait), givrer le bord du verre avec du sucre.

Difficulté: *** pas tant pour les ingrédients qui se trouvent partout mais pour la préparation du cordial.

Goût: encore une réussite ! La combinaison de la poire et du citron rendent ce cocktail très doux, avec juste la bonne touche d’acidité, et très fruité. Poire, orange, rhubarbe: un excellent mélange.

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