Bellini

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Créé en 1948 par Harry Cipriani au Harry’s Bar de Venise, le Bellini est un cocktail italien assez sophistiqué. Il a été nommé en l’honneur de l’artiste du 15e siècle Iacopo Bellini dont beaucoup d’oeuvres sont teintées de rose, comme le cocktail. Le Harry’s Bar, situé près du Grand Canal, est célèbre: il était fréquenté par Ernest Hemingway, Humphrey Bogart et Truman Capote.

Ma recette vient principalement de The Joy of Mixology avec quelques éléments de Cocktail now. Gary Regan explique dans livre qu’il a reçu la recette de Giovanni Venturini, barman au palais privé des Cipriani de Venise. Il précise qu’elle contenait plus de purée de pêche et il a réduit les proportions. Julien Escot diminue encore plus la pêche et propose un ratio moitié moitié:

  • 6 cl de purée de pêche blanche (voir ci-dessous)
  • 10 cl de prosecco frais

La purée de pêches blanches (ou pêches de vigne) se prépare en mettant la chair avec la peau dans un blender, avec une cuillère à café de jus de citron, une cuillère à café de sucre (ou plus si nécessaire) et deux ou trois glaçons. Mixer jusqu’à l’obtention de la purée.

Verser la purée dans la flûte à champagne puis rajouter lentement le prosecco tout en remuant pour que les ingrédients se mélangent bien. Le prosecco a tendance à mousser au contact de la purée, il faut donc prendre son temps et le verser à son aise. Julien Escot propose de filtrer le mélange, ce qui rend le cocktail plus transparent.

Difficulté: *(*) un cocktail basique avec seulement deux ingrédients mais saisonnier et qui  nécessite la fabrication d’une purée.

Goût: un cocktail rafraîchissant et léger, idéal pour l’été.

Burning Passion

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Burning Passion version maison

The Lady from Canton est un blog consacré aux recettes de cocktails et je ne compte pas écrire de billets sur des bars en particulier. Mais là, j’ai trouvé la recette du cocktail que j’ai bu récemment et j’ai eu envie de la recréer et la partager. Il s’agit du Burning Passion, cocktail signature de Harouna Saou qui officie derrière le bar LIB-Life is Beautiful à Bruxelles. Ce Parisien aux origines sénégalaises venu s’installer à Bruxelles, travaillait auparavant au Stoefer à Ixelles et a proposé des versions pop-up de son futur bar avant de se fixer près du canal. La carte est variée, avec évidemment des classiques, mais également des concoctions maison très appétissantes, toujours à base de produits frais. Le Burning Passion est d’inspiration tiki, exotique mais avec une touche moderne.

Voici la recette, que j’ai trouvée via le Weekend Knack:

  • 4 cl de Sailor Jerry Spiced Rum (Captain Morgan, parce que c’est tout ce que j’avais)
  • 2 cl de Smith & Cross Rum (rhum jamaïcain à 57°)
  • 2 cl de sirop de vanille (Monin)
  • 0,5 cl de Campari
  • 3 cl de jus de citron
  • 3 cl de jus d’ananas
  • 3 traits de Pimento Dram Bitter (que j’ai remplacés par des bitters tiki maison qui contiennent pas mal de piment de la Jamaïque, ingrédient de base du pimento dram)

Verser tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons. Secouer puis verser dans un verre collins rempli de glace pilée et remuer encore une fois à la cuillère. Avec l’aide d’un spray, diffuser un peu de mezcal au-dessus du cocktail. J’ai limité ma décoration à de la sauge ananas et une rondelle de citron vert. Harouna va bien plus loin: il évide un demi fruit de la passion, y dépose un sucre et asperge le tout de rhum overproof auquel il met feu. Effet garanti !

Difficulté: **** des ingrédients précis et quelques accessoires comme le spray diffuseur.

Goût: la vanille et les épices sont très subtilement contrebalancées par le jus de citron et par l’amertume du Campari (un ingrédient peu courant dans les cocktails tiki mais tout à fait adéquat), le mezcal diffusé donne des saveurs fumées, ajoutant une dimension au cocktail. Une réussite !

Et si vous voulez goûter d’autres préparations de Harouna Saou, c’est du mardi au samedi, de 18h à 1h, rue Antoine Dansaert 161, 1000 Bruxelles.

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Burning Passion chez LIB

 

Kelly watch the stars

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Créé par Julien Escot, ce cocktail m’a rappelé le Missionary’s Downfall qui associe également liqueur de pêche et menthe.

  • 4 cl de gin (Bulldog)
  • 1 cl de vermouth dry (Dolin Dry)
  • 1,5 cl de crème de pêche de vigne (liqueur de pêche Monin)
  • 2 cl de jus de citron
  • 1 jet de Suze Red Aromatic Bitters (Angostura Bitters)
  • 8/10 feuilles de menthe et un brin pour décorer

Verser tous les ingrédients, y compris la menthe, dans un shaker rempli de glaçons et secouer fortement. Filtrer (avec une passoire très fine) dans le verre de service (le livre le présente dans une petite flûte à champagne). Décorer avec le brin de menthe.

Difficulté: *** Gin et vermouth sont des ingrédients usuels. La liqueur de pêche de Monin a un goût très naturel – je pense l’avoir achetée au Delhaize mais j’ai l’impression qu’elle n’y est plus vendue. Je n’ai pas de bitters Suze, développés par Julien Escot lui-même. Je n’ai d’ailleurs pas trop prêté attention à cet ingrédient en préparant le cocktail et c’est la raison pour laquelle il est moins rose que sur la photo. Les Red Bitters sont composés de gentiane, muscade et anis et pourraient être remplacés par des bitters Peychaud.

Goût: un cocktail d’été au léger goût sucré et de pêche, ainsi que de menthe qui apparaît timidement.

A déguster en écoutant:

Missionary’s downfall

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Imaginez un missionnaire plein de bonnes intentions débarquant sur une île du Pacifique. Le lieu semble paradisiaque mais très mystérieux. Le son des tambours au loin l’inquiète, les cris des oiseaux exotiques le met mal à l’aise. Il se sent épié… Une vahiné approche, à moitié nue, lui apportant une boisson locale aux arômes envoûtants… La suite ne sera pas racontée ici.

Ce cocktail apparait pour la première fois en 1948 sur le menu du bar de Don The Beachcomber mais Jeff Berry pense que la première version pourrait dater déjà de 1937. Don s’est inspiré des herbes aromatiques fraîches pour élaborer ce cocktail, bien avant que cela n’intéresse quelqu’un. Il existe de nombreuses versions et même Jeff Berry propose deux différentes dans Grog Log et dans Remixed. C’est la seconde que j’ai choisie, elle lui a été donnée par la famille de Hank Riddle qui a travaillé comme barman dans différents restaurants de Don Beach des années 1940 à 1980 (essentiellement à Hollywood et Palm Springs). Ce cocktail a été populaire dans de nombreux bars tiki, du Mai Kai de Fort Lauderdale (où il s’appelait Missionary’s doom) au Tiki Ti de Hollywood.

Recette de Jeff Berry dans Beachbum Berry remixed:

  • 0,5 oz (1,5 cl) de jus de citron vert
  • 0,5 oz (1,5 cl) de brandy à la pêche (liqueur de pêche Monin)
  • 1 oz (3 cl) de sirop de miel (quantités égales de miel et d’eau chaude pour diluer)
  • 1 oz (3 cl) de rhum léger portoricain (Havana Club 3 años) (j’ai monté la dose à 4,5 cl)
  • 2 oz (1/4 de tasse) de cubes d’ananas frais
  • 2 oz (1/4 de tasse) de feuilles de menthe fraîche
  • 6 oz (3/4 de tasse) de glace pilée

Mettre tous les ingrédients dans un blender et mixer à grande vitesse pendant 20 secondes. Verser dans un coupe ou un verre à cocktail et décorer de feuilles de menthe placées au centre du verre (ou sur le côté).

Difficulté: *** Il faut des ingrédients frais mais qui se trouvent toute l’année. Quant à la liqueur de pêche, c’est le moment d’en préparer soi-même ou d’en acheter chez un caviste.

Goût: la recette précise que ce sont les quantités pour deux personnes… j’ai du mal à y croire ! j’ai même rajouté un peu de rhum. Malgré cet ajout, c’est un cocktail pas trop alcoolisé, au goût très frais de menthe, pêche et miel.

Smuggler’s cove

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Martin & Rebecca Cate, Smuggler’s cove: exotic cocktails, rum, and the cult of tiki: dans cet excellent nouveau livre sur le monde des cocktails tiki, Martin et Rebecca Cate racontent l’histoire de leur bar de San Francisco, mais ils vont bien plus loin. Ils retracent l’histoire du cocktail exotique, parlant de Donn the Beachcomber et Trader Vic, des grands temples américains du tiki (dont certains existent encore aujourd’hui) et de la décoration. Chaque chapitre est entrecoupé de recettes, des classiques évidemment, mais aussi beaucoup de recettes contemporaines, ce qui est tout l’intérêt du livre. La partie sur les différents rhums est également très instructive. Martin Cate ne les classe pas selon les critère habituels (style espagnol / britannique / français) mais selon leur mode de fabrication et leur composition et propose pour chaque catégorie une liste de rhums correspondants, que l’on peut utiliser selon ses envies dans les cocktails. Pour donner une idée, les plus utilisés sont « pot still lightly aged » (beaucoup de rhums très locaux des Etats-Unis – j’ai cependant trouvé dans ma collection le Rum Nation Jamaïca 8 years), « blended lightly aged » (Plantation 3 Stars, Mount Gay Eclipse, Banks 5 Islands…), « blended aged » (Doorly 5 years, Appleton 12 years, El Dorado 5 years…), « column still aged » (Angostura 1919, Zacapa 23…), « black blended » (j’ai enfin trouvé une nouvelle utilisation pour le Goslings’s Black Seal), et puis les agricoles et la cachaça. Richement illustré, le livre se termine avec de nombreux conseils pour l’organisation d’une soirée tiki. Un livre qui a tout de suite pris une place parmi les classiques.

Three dots and a dash

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Créé pendant la Seconde Guerre Mondiale par Donn The Beachcomber, ce cocktail au rhum est une référence au code en morse pour « victoire » – trois points et une ligne – représentés par la garniture. Il contient tous les ingrédients fétiches de son créateur et son goût est très typique de ses créations. C’est grâce au travail de Jeff Berry que le cocktail est revenu à la surface et depuis, il existe un bar du même nom à Chicago.

La recette vient de Jeff Berry, Beachbum Berry remixed et se retrouve aussi dans Martin & Rebecca Cate, Smuggler’s cove, avec moins de précisions pour le second rhum:

  • 0,5 oz (1,5 cl) de jus de citron vert
  • 0,5 oz (1,5 cl) de jus d’orange frais
  • 0,5 oz (1,5 cl) de sirop de miel (quantités égales de miel et d’eau chaude pour diluer le miel)
  • 0,25 oz (0,7 cl) de John D. Taylor’s Velvet Falernum (falernum maison)
  • 0,25 oz (0,7 cl) de St. Elizabeth Allspice Dram (The Bitter Truth Pimento Dram)
  • 1,5 oz (4,5 cl) de rhum agricole vieux de Martinique (Clément VSOP)
  • 0,5 (1,5 cl) oz de « blended aged rum » / demerara rum (El Dorado 5 years – Guyane)
  • 1 trait de bitters Angostura

Mettre tous les ingrédients dans un blender avec 12 onces (3/4 de tasse) de glace pilée et mixer pendant 5 secondes. Verser dans un verre à pils (ou assimilé), compléter avec de la glace si le verre n’est pas rempli et décorer avec les « three dots and a dash ». J’ai reproduit la garniture originale, celle qui associe un cube d’ananas et trois cerises. Martin Cate au Smuggler’s Cove a remplacé le cube par une feuille d’ananas qu’il insère dans le verre.

Difficulté: **** Des ingrédients typiques d’un cocktail tiki dont aucun ne se trouve au supermarché (à part les agrumes bien sûr). Une recherche dans des magasins ou sites internet spécialisés donne de bons résultats !

Goût: un cocktail d’été, épicé et doux en même temps, avec des notes de falernum, de pimento dram et de miel.

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Sippin’ Safari

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Jeff Berry, Beachbum Berry’s sippin’ safari. In search of th great « lost » tropical drink recipes… and the people behind them: dans ce livre, Jeff Berry, spécialiste du cocktail tiki, est parti à la recherche non pas des origines de ces cocktails tropicaux mais des personnes qui les réalisaient dans les bars. De fabrication intensive avec leurs nombreux ingrédients et éléments de décoration, les bars possédaient de vraies brigades de  barmen, travaillant à la chaîne, à 10 ou 15. Souvent, ceux-ci étaient d’origine philippine, et certains sont montés en grade, devenant le barman principal et surtout, connaissant les secrets des recettes créées notamment par Don The Beachcomber ou Trader Vic. Ceux-ci avaient en effet codé une partie de leurs créations pour qu’elles ne soient pas divulguées et copiées. Un exemple type est le Zombie: il existe plein de recettes différentes mais à quoi ressemblait l’originale ? Jeff Berry a réussi à casser le code grâce aux notes d’un de ces barman. Le livre ne s’arrête pas là: il s’intéresse aussi à la propagation des temples du tiki à travers les Etats-Unis jusqu’à leur déclin dans les années 80. Richement illustré, ce livre est un voyage passionnant dans le monde du tiki. (Une nouvelle version serait en préparation).

La Guildive

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La Guildive ? c’est la francisation de « Kill Devil », l’ancien nom donné au rhum dans les Antilles britanniques. Aux 18e et 19e siècles, le mot était utilisé pour désigner l’eau-de-vie distillée à partir de la canne à sucre. A part ça, c’est aujourd’hui aussi un marchand français de jambon ibérique.

Une création de Martin Cate pour le Smuggler’s Cove de San Francisco, trouvé dans son livre, Smuggler’s cove: exotic cocktails, rum, and the cult of tiki :

  • 1 oz (3 cl) de ginger beer (Fentiman’s)
  • 0,5 oz (1,5 cl) de jus de citron vert
  • 0,5 oz (1,5 cl) de Licor 43
  • 0,25 oz (0,7 cl) de liqueur de pêche (Monin)
  • 2 oz (6 cl) de « blended aged rum » (Doorly’s 5 years)
  • 1 pincée de cannelle fraîchement râpée

Verser la ginger beer dans une coupe refroidie. Verser tous les autres ingrédients dans un shaker avec des glaçons et secouer. Filtrer dans la coupe et décorer d’un zeste de citron.

Difficulté: *** Martin Cate classe les rhums selon des catégories différentes de celles utilisées d’habitude (tradition hispanique, anglaise ou agricole – je fais court) et se base plutôt sur le type de production: en alambic ou en colonne, mélangé ou pas (« blended ») mais aussi sur le lieu d’origine. Le choix est donc très ouvert et j’aurais pu choisir d’autres rhums de ma collection, notamment l’Appleton 12 ans ou du Plantation 20e anniversaire. Le Licor 43 est une liqueur de vanille espagnole, très proche en goût du Galliano italien, et qui se trouve très facilement en supermarché. Quant à la liqueur de pêche, celle de Monin est assez naturelle, mais je ne doute pas que Giffard ou Merlet en produisent de très bonnes également.

Goût: un cocktail très doux et très sucré, avec une dominance de vanille et de pêche ainsi qu’un soupçon de gingembre.

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South Slope

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Ces derniers temps, je fais une fixation sur l’Aperol. Pas uniquement en spritz, que j’aime beaucoup, mais également dans de nombreux autres cocktails. A chaque fois, le mélange me plaît, un peu comme avec la liqueur de sureau Saint-Germain. Le South Slope ne contient pas ce dernier mais bien du Lillet, autre alcool très agréable à boire (même pur). Il a connu plusieurs vagues de popularité, une très ancienne – post-Première Guerre Mondiale – et une bien plus actuelle, où on le met à toutes les sauces. J’ai récemment goûté le Lillet tonic au supermarché et cela ne m’a pas vraiment goûté. Où était-ce à cause de la démonstratrice peu avenante qui n’y connaissait rien du tout, me présentant le tonic Fever Tree comme du vulgaire Schweppes ? Mais revenons au South Slope: ce cocktail à été créé en 2007 par Michael Madrusan quand il vivait à Brooklyn, dans le South Slope. Il a travaillé pendant un moment au bar PDT et officie aujourd’hui à Melbourne, en Australie (une interview).

J’ai trouvé cette recette dans The PDT Cocktail Book de Jim Meehan:

  • 0,75 oz (2,2 cl) de Beefeater gin
  • 0,75 oz (2,2 cl) d’Aperol
  • 0,75 oz (2,2 cl) de Lillet blanc
  • 0,5 oz (1,5 cl) de curaçao orange Marie Brizard (Pierre Ferrand)
  • 0,5 oz (1,5 cl) de jus de citron

Verser tous les ingrédients dans un shaker avec des glaçons et secouer. Filtrer dans une coupe refroidie et garnir d’un zeste de citron.

Difficulté: *(*) tous les ingrédients se trouvent facilement (le Cointreau peut être utilisé comme curaçao).

Goût: c’est un cocktail intéressant au goûts fort marqués. L’amertume de l’Apérol domine mais laisse la place au Lillet et au curaçao. Un cocktail comme je les aime.